Les copains

Difficile de savoir ce qui prévaut dans les choix photographiques de CHARLES VAINSOT. Son imagination investit la vieille pierre érodée, le bois rongé et tissé de toiles arachnéennes, la rouille des serrures ou des gonds disjoints, tout autant que l’ordonnancement géométrique d’une architecture futuriste. Sans transition, mais toujours avec la volonté de raconter une histoire ; En professionnel, il compose ses photos selon des critères précis, des découpages soignés. En narrateur, il nous offre des pans entiers de ces autres existences qui nous sont étrangères ou lointaines. En poète, enfin, il joue de sa sensibilité pour animer une façade muette ou une ruelle désertée et donner à percevoir le souvenir qui se glisse sous la porte close ou entrouvre doucement un vieux volet. Sous l’acuité de son regard, des détails insignifiants éclatent au grand jour. Laid, usé, abimé, évident ou banal, plus rien de tout cela n’existe. Les mots quittent leur gangue négative pour révéler l’originalité du sujet. Mis en valeur par la minutie de son travail, ces détails jusqu’alors invisibles accrochent notre attention et la beauté cesse d’être une notion circonscrite pour s’étendre vers d’autres possibles. En s’éloignant du reportage, les photographies de CHARLES VAINSOT se voilent d’une émotion furtive et son regard-témoin se fait hommage.